UN GENIE C’était un vilain petit matin gris. Un de ces matins, où, la porte de chez soi franchie, on regrette déjà son lit. Et pourtant, il fallait y aller, comme on dit. Les rues de la ville étaient comme moi embrumées, un petit vent frisquet piquait non nez ; Je pris le métro. Dans le wagon qui sentait la chambrée, l’eau de toilette bon marché, serré contre moi par la pression de la foule, un employé des pompes funèbres me soufflait au visage les remugles de son petit déjeuner. Enfin j’arrivai. La rue d’A…était déserte, exposée au vent d’ouest, ça pinçait. Je pressai le pas. Le hall du lycée était désert aussi. Huit heures et quart, les cours avaient commencé. Dans la salle des professeurs l’odeur me surprit, un mélange détonnant de parfums d’eau de javel, d’alcool à brûler et de tabac froid. Sur la table, offerts à l’imagination fertile des enseignants, les recueils des bulletins scolaires espéraient leurs dédicaces. C’était pour cela que j’étais venu tôt, j’avai
Nouvelles, contes, récits, humeurs, dessins, photos et toutes sortes de choses. Auteur: Claude Weill. Copyright-tous droits réservés.