Novembre Le ciel était gris-bleu et le soleil de novembre, invisible, diffusait une douce lumière ocre, ourlait de festons dorés les rares flocons de nuages blancs perdus dans la grisaille. Un crachin très fin tombait par intermittence, et l’on n’entendait que le crépitement des vagues, le cri des mouettes, et le sifflement du vent dans les landes. La mer était couleur d’amande et le tapis des bruyères se teintait déjà de taches violettes. Au bas des falaises, quelques aigrettes sondaient les gravières ; dans les criques, huîtriers et tournepierres fouillaient la vase, les bécasseaux avançaient puis reculaient devant le déferlement des vagues. Le vent frisquet, soufflant entre les averses apportait des effluves de goémon. Sur le chemin des douaniers quelques couples de retraités faisaient leurs promenades de santé, silencieusement, sensibles à la grandeur du paysage, tous semblablement vêtus de parkas rouges ou bleues et de bonnets marins, tous ou presque accompagnés d’un chi