La
très véridique histoire du marchand de
tapirs.
Fable
morale
« Tapirs,
tapirs !il est beau, il est frais mon tapir ! Allons-y les
ménagers, allons-y les ménagères ! Tapirs à vendre ! Il
est beau mon tapir ! »
Qui
ne se souvient d’avoir, dans son enfance, entendu le cri
caractéristique du marchand de tapirs ? Mais, hélas, les temps
ont changé,les traditions se perdent et par les rues encombrées de
nos villes ne retentit plus le cri du marchand de tapirs. La roue
tourne comme on dit et ce sont les meilleurs qui s’en vont.
Celui-ci justement n’avait pas voulu partir, et par les rues de la
ville, il se faufilait difficilement, suivi de sa cohorte de
tapirs, sous le ciel gris.
Mais
nul ne l’arrêtait, nul ne se penchait à sa fenêtre pour inviter
l’homme et ses tapirs à monter.
La
vie moderne, l’automatisation, l’électronique, les médias, tout
faisait que l’on n’avait plus besoin de tapirs chez soi. Il est
fini, bien fini le temps heureux des tapirs qui savaient si bien
réjouir toute une maisonnée. Plus de tapirs, plus de joie !
Qu’elle est morne, qu’elle est triste la vie sans tapir !
Métro, boulot, dodo et plus de tapir !
Et
pourtant il s’entêtait, il ne voulait pas s’avouer vaincu :
« tapirs, tapirs ! Tapirs à vendre ! »
Pourtant
il persévérait, il ne voulait pas y croire, il pensait que
peut-être aujourd’hui, tout à l’heure, ou bien demain, un
amoureux des tapirs se manifesterait. Il reviendrait le temps des
tapirs, et le bonheur règnerait à nouveau sur la terre. Il se
retournait alors, et dans les grands yeux des tapirs il lisait une
confiance sereine qui le rassurait. « Allons, ils étaient là,
tout allait bien ! »
Justement
ce jour là, alors qu’il venait de quitter le faubourg du Temple
pour s’engager dans la rue Saint-Maur il s’entendit héler :
« moi, moi, j’en veux un ! » D’abord il n’y
crut pas. Mais il dut se rendre à l’évidence. Ainsi la vie
reprenait, les jours heureux pouvaient revenir, le soleil allait
briller à nouveau. « Oui, j’en veux un, un beau, un
gros, celui là, avec le nœud rose autour du cou ! »
Je vois que monsieur est connaisseur, c’est le plus beau du
lot ! Mais, attention, il est cher ! » « Pas
d’importance, pour un tapir, je suis prêt çà mettre le prix ! »
L’affaire
réglée, les derniers conseils d’entretien donnés, le marchand de
tapirs repartit d’un pas plus léger, et, derrière lui, tous les
tapirs suivaient, hochant la tête, d’un air de dire : « tu
vois, on te l’avait bien dit, tu aurais eu tort de désespérer ! »
Dans
la semaine qui suivit il en vendit encore deux, puis trois la semaine
d’après, puis dix dans le mois, bientôt il ne comptait plus.
Bientôt
aussi le soleil revint sur la ville, les nuages s’estompèrent, les
voitures restèrent le long des trottoirs, les enfants jouèrent dans
la rue, et les parents purent faire tous les jours la grasse matinée…
Car
tel est le miracle des tapirs.
Morale:
ami
lecteur, ne désespère pas, pour toi aussi, il reviendra, le temps
des tapirs.
Chanson
du tapir :
Dans
la rue de la grande ville
Entends
le marchand de tapirs
Si
tu es sage petit enfant
Pour
noël ou la mi-carême
Tu
l’auras ton petit tapir
Et
même si tu ne l’es pas
Car
c’est là le grand miracle
Le
miracle des petits tapirs
Un
tapir dans la maison
C’est
du bonheur pour les enfants
C’est
de la joie pour les parents
Dans
la rue de la grande ville
Ecoute
petit enfant
Le
marchand de tapirs qui passe
Tu
peux dormir dans la confiance
Demain
le soleil se lèvera
Demain
la vie sera plus belle
Le
marchand de tapirs est passé.
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