A
la demande d'un fidèle lecteur, nous avons enquêté sur :
L'origine
et la véritable recette de la tarambouille
La
Ferté en Tapinois, ses vertes collines, la vallée de la tranquille
rivière Tapine , et sa tarambouille , cette recette qui fait
aujourd'hui la renommée de ce petit village de 300 habitants. En
effet la tarambouille connaît aujourd'hui un succès de mode encore
inexplicable et inexpliqué, mais n'est ce pas la règle pour tous
les effets de mode ?
Nous
allons tenter ici de vous donner la recette de ce met incroyable et
déroutant mais auparavant attardons nous un peu sur ce mot
« tarambouille »
Le
célèbre linguiste Helmut von Brokenzahn , lors d'une halte
impromptue dans la vallée du Tapinois, consécutive à une panne de
son véhicule Volkswagen et après une séjour à l'aujourd'hui
célèbre auberge de la Marmite enchantée lors duquel il a bien été
obligé de goûter au seul plat à la carte, s'est penché sur
l'étymologie de ce mot. Il affirme en effet que la racine « tar »
- qu'il rapproche de la racine pré-indo-européenne « car »
ou « gar » qu'on retrouve dans les mots calcaire,
calcaneum, caminare (cheminer en vieil occitan ), garrigue, ou
même le nom du géant Gargantua, ce semeur de menhirs, et qui se
réfère à la dureté du sol caillouteux- explique la formation
du mot tarambouille. Cette étymologie savante n'est cependant pas
convaincante , en effet il paraît étonnant de faire remonter
l'origine de la tarambouille à une époque pré-indo-européenne.
C'est
une autre histoire que nous conte la doyenne du village , Adélaïde
Sirupeuse, 103 ans. Selon elle l'origine de la tarambouille remonte à
d'anciennes pratiques rituelles célébrées autrefois lors de la
Saint-Turlupin, la fête consacrée au saint protecteur de la
paroisse. Après la partie religieuse de la célébration, tous les
paroissiens se réunissaient sur la place du village et procédaient
à d'intenses beuveries lors desquelles coulait à flots le vin
local : la picoulette, produit des vignes qui mûrissent sur le
flanc sud des collines du Tapinois. Lors de ces beuveries on
s'envoyait à la figure des tartes confectionnées à cet effet ;
c'était la partie de « tarte en bouille » qui s'achevait
seulement après épuisement des munitions. Après quoi on préparait
et dégustait la tarambouille. Ainsi le mot tarambouille
s'expliquerait par une sorte de télescopage analogique ente le jeu
rituel et le repas qui le conclut. .
Le
gastronome et critique renommé , Alexandre de la Passotière, a une
explication plus définitive. Tarambouille, dit-il , ne signifie
rien, ou plutôt signifie : « rien ». Ce mot n'a
aucune histoire, aucun sens, il est à l'image de ce plat insipide,
insensé. La tarambouille est la négation de la gastronomie, de la
cuisine, la tarambouille est une telle aberration que son existence
est un défi ; c'est ce défi qui fait sa renommée.
Laissons
à monsieur de la Passotière l'entière responsabilité de ses
considérations et passons à la recette telle qu'elle nous a été
confiée par Rétinette Labavette, la célèbre chef de cuisine de la
Marmite Enchantée.
Mettez
à bouillir dans une grande marmite posée sur un réchaud trépied
ou à défaut un réchaud de camping, , 4 à 5 litres de vin rouge,
de préférence la picoulette de la Ferté en Tapinois... à défaut
n'importe quelle piquette fera l'affaire.
Placez
vous à environ 1m50 du récipient (2 toises précisait Adélaïde
Sirupeuse). Lorsque le point d'ébullition est atteint, balancez
dans la marmite tout ce qui vous paraît de plus ou moins loin comme
mangeable et qui vous tombe sous la main. Autrefois les habitants du
village conservaient à cet effet tous les restes des repas, et ceux
qui n'élevaient pas de porcs y mettaient aussi les épluchures de
pommes de terre.
Cette
période dite « du lancer » constitue le moment familial,
voire social, de la préparation. En effet il est conseillé de le
pratiquer à plusieurs , ce qui atterrit à côté de la marmite
valant « un gage » pour le lanceur maladroit. Le nombre
de gages obtenus par chaque personne déterminera le nombre de
cuillerées de tarambouille qu'il lui faudra ingurgiter.
Laisser
bouillir plusieurs heures jusqu'à réduction et obtention d'une
substance à consistance pâteuse dont la couleur peut varier du brun
au noirâtre selon la variété des constituants. En ce qui
concerne l'odeur elle est , il faut le dire, en général
particulièrement repoussante et elle explique l'usage ce ces louches
en bois sculpté à très longs manches, caractéristiques de
l'artisanat local.
Il
est maintenant temps de procéder à la dégustation. La
tarambouille est versée dans des bols à larges bords. Généralement
une cuillerée suffit à rassasier une personne normalement
constituée, mais attention aux gages, il faut remplir ses
obligations !
La
rencontre avec la tarambouille est toujours un moment surprenant,
c'est une expérience unique dont on se souviendra longtemps. La
vraie tarambouille est à déguster sur place , dans ce petit village
et cette auberge qui font sa réputation ; il est d'ailleurs
conseillé d'y réserver un lit, prendre la route après la
dégustation peut s'avérer dangereux .
D'ailleurs
, la tarambouille est-elle dangereuse ? Certains incidents
récemment médiatisés nous incitent à poser cette question.
Nous
avons interrogé le docteur Amédée Boutenberne dans sa petite
clinique ultra-moderne dont l'architecture futuriste tranche un peu
avec l'habitat rural de la Ferté en tapinois.
Ìngérée
à des doses normales , et pour des personnes en bonne santé, nous
dit-il, la tarambouille ne présente aucun danger. Evidemment, des
personnes maladroites et qui doivent accomplir de nombreux gages
courent un risque non négligeable. Il serait préférable que les
personnes fragiles s'abstiennent de consommer précise-t'il, mais il
ajoute que sa clinique est tout à fait préparée à parer à toute
éventualité et qu'il a mis au point un traitement particulièrement
adapté aux effets néfastes que pourrait provoquer la consommation
de la tarambouille.
Pour
conclure : la tarambouille, effet de mode passager ou phénomène
durable ?
Nous
avons posé la question au Professeur Athénase Paranazos ,
sociologue, sémiologue, professeur émérite à l'université de
Saint-Sédiment sur Creuse.
« La
pratique de la tarambouille s'apparente à l'engouement pour celle
des sports à risques. Il s'agit de rechercher des émotions
nouvelles, pour échapper un temps à un univers de plus en plus
uni-dimensionnel. Sur un plan gastronomique nous retrouvons les
mêmes motivations , il s'agit ici de trouver des sensations
gustatives inédites. La tarambouille plus qu'un phénomène de mode
en dit long sur l'état de nos sociétés. L'intérêt pour son
origine rurale, hors des routes fréquentées, témoigne d'une
appréhension devant l'uniformisation due à la modernité et d'une
certaine idéalisation du passé qui devient une sorte de refuge à
la fois inaccessible et illusoire. »
Alors,
la tarambouille constitue-t'elle une ultime résistance à la
mondialisation ?
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